Scènes d’Anatolie
Année 2013
Première performance 22 Nov. 2013 (Antalya)
Instrumentation clarinette, violoncelle, piano
Durée 14’
Partition sur demande
détails
Dédié au Festival de Piano d’Antalya et à Fazıl SAY
Fazil Say est mon plus vieil ami d’enfance. Nous avons passé sept ans ensemble au Conservatoire d’Ankara, de 11 à 18 ans suivant les mêmes cours avec les mêmes professeurs. Nous jouions au foot, allions régulièrement dévaliser la discothèque du Goethe Institute, nous retrouvions chez le poète, peintre et compositeur Ertuğrul Oğuz Fırat qui organisait chez lui des sessions d’écoute de musique contemporaine. Nous passions ensuite des nuits à discuter. Me tourner vers cette époque, c’est aussi retrouver ma musique d’alors, les premières petites pièces que j’avais écrites entre 11 et 13 ans et dont je me suis servi ici. Fazil écrivait de manière plus savante à l’époque ; aujourd’hui il s’est affranchi de nombreuses règles, tout en restant ancré dans son histoire. Scènes d’Anatolie est un petit jeu de miroirs avec lui. J’y raconte aussi le voyage d’un train d’ouest en est à travers l’Anatolie. Ma mère se déplaçait beaucoup et m’emmenait avec elle en train de nuit : Ankara-Istanbul, Ankara-Izmir... Le voyage durait parfois seize heures pen- dant lesquelles nous entendions le rythme irrégulier des roues sur les rails, entre tempo infernal et ralentissements soudains lorsque nous arrivions dans une gare. J’ai évoqué pour chaque halte un paysage musical d’inspiration folklorique différent – mélodique ou dansant comme un « halay » - jusqu’à la destination finale, la ville de Muş (que l’on prononce « mouche ») dont nous entendons une mélodie populaire mélancolique. Avant que le train ne reparte à une vitesse folle vers l’horizon...